Le 16 juillet 1942, tous les juifs de la rue des Laitières à Vincennes ont reçu la visite de la police, lors d'une rafle semblable à celle du Vél' d'Hiv,
Chaim Bresler et Brana Lipecki, mes grands-parents, y vivaient, ainsi que Max, le frère de Brana avec son épouse Eva Berliner et leur deux filles, Madeleine et Alice.
Comme les enfants étaient couchés, Brana a dit au policier qu’un des enfants était malade et ne pouvait pas sortir. Il n’a emmené que Chaim en insistant bien sur le fait qu’il allait revenir le lendemain matin. Comprenant la situation, Brana s’est enfuie avec les enfants.
Chaim ne sera jamais revu et déclaré décédé à Auschwitz le 4 septembre 1942, parti par le convoi n° 9 depuis Drancy.
Nous les retrouvons chez la famille Heomet, bourgeois de Boulogne-Billancourt qui avait une mercerie au pied de l’immeuble ou a travaillé mon père et qui par la suite est devenue une boutique de poupées de collection régionales.
Parmi tous les juifs qu’ils ont sauvés, ils arrivent à faire embaucher Brana comme employée de maison dans une famille recevant…. beaucoup d’officiers Allemands. Malgré son accent qui pourrait la trahir, mais qui est dit alsacien.
La famille Heomet garde mon père, avec leurs deux filles, Anne-Marie et Bernadette qui sont juste un peu plus âgées que lui.
Mon oncle Paul et ma tante Jacqueline vont ailleurs.
Quand ma tante revoit sa maman, elle l’appelle madame et ne veut pas aller avec elle. Elle souffrira toute sa vie de cette période de séparation.
Mon père reste très lié avec la famille Heomet dont la deuxième fille sera ma marraine.